Big Willie Robinson et ses Charger Daytona...

On remonte à 1942, en Nouvelle-Orléans, alors que naît un jeune homme du nom de William Robinson, dans une famille modeste. Malgré tout, il réussit à s’inscrire à l’Université LSU en médecine, mais une fois au campus, il subira les contrecoups des divisions raciales qui étaient encore très fortes à cette époque, et après une première année, sa mère décide de l’envoyer terminer ses études en Californie, ou, croit-elle, la situation est moins pire.
Faute de moyens, Willie doit abandonner ses études et travailler dans des ateliers de carrosserie et de mécanique automobile, et il commence à s’intéresser aux courses de rues. Il remarque vite que malgré les tensions raciales qui sont toujours présentes, il semble y avoir une trève entre les noirs et le blancs lorsque vient le temps de ‘’comparer’’ les autos et leur performance. C’est l’époque ou les courses de rues sont très présentes, presque à chaque soir et jusqu’aux petites heures du matin dans les banlieues de Los Angeles.



A cette époque, Willie conduit un Oldsmobile 1960, pas très compétitive, mais son attitude et son ouverture d’esprit lui permettent de se faire une bonne réputation auprès de tous les groupes qui participent à ces rencontres et se fait plusieurs amis.

En 1964, il gagne un voyage toutes dépenses payées, du gouvernement américain, au … Vietnam! Il sera blessé, et de retour en 1966, pour retrouver sa famille, qui l’avait rejoint en Californie lors de son séjour dans l’armée.

Entretemps, en 1965, la ville de Watts, en banlieue de Los Angeles, est le théâtre d’événements tragiques, alors qu’un simple arrêt impliquant des policiers blancs et un automobiliste noir dégénère en émeutes qui causeront 34 morts, des milliers d’arrestations et des millions de dommages et dureront plusieurs jours.

En 1966, le Los Angeles Times, le plus gros journal local, décide de faire un reportage sur les activités des courseurs de rues, avec les plus gros participantsmis en vedette… Naturellement, du haut de ses 6’-6 pouces, 290 lbs, Willie ressort du lot, et le reporter le surnomme ‘’Big Willie’’, le nom qui l’accompagnera toute sa vie.



Suite à la publication de l’article, il est convoqué au poste de police. A sa surprise, ce n’est pas pour l’arrêter, mais bien pour lui demander d’essayer d’organiser les activités et de s’en servir pour créer une meilleure ambiance chez les jeunes… Il ne s’était passé que quelques mois depuis les émeutes de Watts, et la tension était encore très présente, mais les policiers avaient remarqué que lors des courses de rues, les blancs, noirs, latinos et autres groupes semblaient oublier leurs différences et s’entendre.




De cette rencontre est ensuite née la Los Angeles Brotherhood of Street Racers, dont Big Willie était le président, contrôlant les activités avec une poigne de fer, s’assurant que les mauvais éléments ne se manifestent pas pour gâcher les activités. Aucune drogue, alcool ou bataille n’était toléré, et les policiers toléraient les courses, bloquant même certaines rues pour les rendre plus sécuritaires. Malgré tout, le rêve de Big Willie était de pouvoir tenir les courses dans un endroit plus sécuritaire, et il avait une vision d’une piste qui serait en activité pour toute la nuit, pour satisfaire à leurs besoins…



En 1968, suite à l’assasinat de Martin Luther King, Big Willie était là pour ramener le calme dans les rues de Los Angeles. Il s’assura de la collaboration des différents groupes ethniques pour organiser descourses de démonstration dans les rues pour prècher l’unité et la bonne entente entre les groupes.. Suite à ces événements, sa notoriété commençait s’étendre à travers les État-Unis et même le monde, et il était invité dans plusieurs grandes villes pour organiser des chapitres du Brotherhood of Street racers.

C’est aussi en 1968 qu’il rencontra Tomiko, l’amour de sa vie, il se sont mariés cette année-là. Tomiko n’avait jamais eu de contact avec les courseurs,, mais elle devint le bras droit de Big Willie, l’aidant à organiser la fraternité et toutes ses activités à travers le monde.

Ironiquement, durant toute cette période de 1966 à 1969, Big Willie ne possédait pas d’auto performante, se contentant d’un Oldsmobile Starfire pour ses déplacements… Mais Warren Fox, un concessionnaire Dodge de Upland, en Californie, voyant sa popularité, et le fait qu’il n’était pas associé à une marque, lui donna un Charger Daytona Hemi, avec une transmission 4 vitesses, lors d’une grosse conférence de presse. La piqure de la course n’a pas tardé à revenir, et après quelques semaines, il était clair qu’il faudrait quelques modifications pour rendre le gros Charger compétitif dans la rue!

Grâce à des bonnes amitiés avec le légendaire Keith Black, un Hemi beaucoup plus puissant, couplé à une transmission B&M Clutchflite se sont rapidement retrouvés sous le capot, modifié avec une prise d’air en goutte d’eau, semblable à celle d’un Thunderbolt. Ils ont aussi amélioré la performance en allégeant l’auto le plus possible… pour finalement avoir un bolide capable de faire le 1/4 de mille dans les 10 secondes. Le légendaire King Daytona était né! Un peu plus tard, lorsqu’un autre Daytona Hemi, qui avait été utilisé pour la promotion par Chrysler, est devenu disponible, Willie et Tomiko l’ont acheté, pour cette dernière, et il a été nommé, naturellement, le Queen Daytona!



Lui aussi sera modifié à l’extrème, pour devenir aussi rapide que celui de Willie. Il n’existe pas beaucoup de photos des deux Daytona à cette époque, mais le King Daytona, qui était alors noir, a fait une apparition remarquée dans le film ‘’Two Lane Blacktop’’



Entre 1971 et 1973, Willie et Tomiko ont fait une tournée de l’Amérique pour promouvoir la fraternité et ils voyageaint dans un motorisé modifié avec un devant et un aileron comme les Daytona!



C’est vers la fin de la tournée, en 1973, que Tomiko perdit le contrôle lors d’une course de démonstration, sur une piste en Arizona, fit plusieurs tonneaux, pour se retrouver sur le toît. La légende dit que Willie était le premier sur place, et qu’il avait arraché la porte pour sortir Tomiko! On dit aussi que la carcasse a été donnée à un fermier de l’endroit, qui était un fan, comme souvenir, après en avoir retiré la mécanique, et on ne l’a pas encore retrouvé… Quant au King Daytona, quelque temps auparavant, il avait aussi été envoyé à la ferraille, pas à cause d’un accident de course, mais parce qu’en essayant de l’alléger une fois de plus dans un bain d’acide, il ne restait plus assez de tôle, et il était rendu impossible de le remonter!

Un troisième Daytona a alors été acheté, cette fois avec un 440, mais il n’a jamais été modifié pour la course, juste pour l’apparence, car il servait de voiture de remorquage. Il a traîné pendant plusieurs années dans la cour arrière des Robinson, à côté de la piscine, jusqu’à ce qu’un fan du Kentucky, qui avait au fil des ans, développé une amitié avec Willie, ne soit au bon endroit, au bon moment… Il était allé visiter les Robinson en 2000, et avit vu le Daytona. En 2002, lors d’une conversation téléphonique, il demandait à Willie si il connaissait un autre Daytona à vendre en Californie, et ce dernier lui a offert le sien! Pour le moment, il est dans le même état que lors de l,achat, et il ne pense pas le restaurer, mais le garder tel quel pour conserver la légende… que feriez-vous à sa place???








Benoit Lavigne
Publié dans l'Étoile Canadienne, le journal du Club CMOA, automne 2011

Salut

Belle histoire!

Salut

Super

Salutations

benlavigne a écrit: En 1966, le Los Angeles Times, le plus gros journal local, décide de faire un reportage sur les activités des courseurs de rues, avec les plus gros participants mis en vedette.

Salut , vraiment très intéressant comme histoire . L'éditeur du L.A. Times a cet époque était un "gars de char" assez connu aussi ! Mr Otis Chandler

J'ai essayer de retracer l'article en question mais pas facile
http://pqasb.pqarchiver.com/latimes/advancedsearch.html

A cette époque, M. Chandler collectionnait les Duesenberg, Bugatti, et les locomotives! Ce n'est que durant les années 80 qu'il liquidera ses classiques pour se composer la collection ultime de musclecars... mais ça c'est une autre histoire!

Ben