Un article de presse

Salut

Un petit article intéressant sur combien pourrait couter une resto pour une voiture

L'art de restaurer les «muscle cars»
Éric Descarries, Collaboration Spéciale - La Presse

Photo Rémi Lemée, La Presse - Agrandir


Mustang, Camaro, Challenger. Ce sont là des marques des années 60 et 70 qui ne veulent pas mourir. Les constructeurs de ces belles américaines les ont même ressuscitées. Mais ce sont les voitures originales qui sont les plus désirables.

On n'a qu'à regarder les centaines de milliers de dollars qui s'envolent lors des encans de voitures de collection. Évidemment, on serait porté à croire que les plus beaux exemplaires restaurés viennent de Californie, d'Arizona ou du Texas. Mais sait-on qu'il en vient aussi de Montréal?

Il y a en effet, dans le parc industriel de l'arrondissement de Saint-Laurent, un atelier spécialisé dans la restauration complète des Camaro, Firebird, Mustang, Challenger, Barracuda, Charger, Superbird et autres voitures dites «muscle cars» des années 60 et 70. Cet atelier, Revzone, est la propriété de Frank Dias, un Montréalais passionné de ces véhicules.

Mordu de Camaro

Le tout a débuté il y a une trentaine d'années. C'est en février 1974 que M. Dias s'est attaqué à la remise en état de ces voitures. Avec le temps, il a acquis une expertise qui, comme il le dit lui-même aujourd'hui, ne peut s'acquérir nulle part ailleurs. De son hobby, il a fait une profession. Il a d'abord acquis un atelier de 1500 pieds carrés à Dorval, il y a une quinzaine d'années, et a finalement ouvert son nouvel atelier de plus de 11 000 pieds carrés à Saint-Laurent, où il travaille avec cinq employés, parmi lesquels son frère Joe. Le vaste local inclut des chambres isolées pour le ponçage, la carrosserie et la peinture.

Chez Revzone, on ne modifie pas les voitures. On les restaure pour qu'elles soient complètement originales. N'y cherchez pas de «hot-rods» ou de «dragsters». M. Dias estime passer de six à 12 mois sur le véhicule avant d'être satisfait de son travail. Le coût? On s'en sort difficilement à moins de 100 000$.

M. Dias offre trois types de service. Il peut aider un client à restaurer une voiture en partie. Il peut aussi ne restaurer que la carrosserie et le châssis. Ou bien, il fait une restauration complète. Dans ce cas, lorsque le «patient» arrive, son équipe démantèle le véhicule en détail et en fait l'inventaire avant d'entreprendre le travail. On se retrouve alors avec 5500 à 6000 pièces! Et chacune est remise à neuf. C'est pourquoi M. Dias et son équipe ne refont qu'une demi-douzaine de voitures chaque année.

Une clientèle unique

Il y a régulièrement une vingtaine de bolides en restauration. Ce ne sont donc pas les clients qui manquent. Mais qui peut se permettre de telles folies? Des gens qui investissent dans les autos de grand cru, des Canadiens et des Américains. Car l'atelier de M. Dias est reconnu dans le milieu. Très peu de travail est soumis à la sous-traitance, moins de 10%, selon le propriétaire de l'entreprise. La plupart des pièces sont restaurées.

Celles qui ne sont pas récupérables sont remplacées par des pièces d'origine que M. Dias trouve chez des fournisseurs qu'il connaît bien ou qu'il acquiert sur eBay! Et si la pièce n'est pas disponible, on la fabrique, tout simplement. Même la peinture correspond au code exact de celle d'origine. On cherchera également à sauver les étiquettes d'origine de la voiture.

«Tout ce travail, précise M. Dias, on le fait avec amour, avec passion. Il n'est pas question que d'argent. Si on n'aime pas le projet, on ne le prend pas. Nous devons sentir une connexion non seulement avec l'auto mais aussi avec le propriétaire.»

Du travail pour longtemps

Combien de temps durera cet engouement pour ce type de voiture? «J'en fais depuis plus de 30 ans, répond M. Dias. Je prévois un grand engouement pour ce genre d'auto pendant encore au moins 10 ans. Sinon, nous sommes capables d'effectuer la restauration de n'importe quel genre d'automobile.» On sent toutefois que les «muscle cars» demeurent sa passion première...