1968 Plymouth Barracuda Formula S Spoiler by Barris

À Granby, à la convention, ou à Ste-Catherine, comme la plupart des gens, vous êtes peut-être passés à côté de cette voiture en pensant qu’il s’agissait d’une minoune modifiée à une autre époque, mais qui mériterait bien d’être restaurée. Vous avez peut-être remarqué qu’il s’agissait d’une Formula S, ce qui en soit la rendait déjà assez rare et intéressante…

Mais en y regardant de plus près, les petits emblèmes sur les ailes avant auraient pu attirer votre attention… On peut y lire: ‘’Barris Kustoms’‘. Au dessus, on peut voir, presqu’effacé par le soleil, le mot ‘’Spoiler’’.

Si vous vous êtes rendus jusque là, vous êtes sûrement sur le point de faire la connaissance du propriétaire de ce mystérieux véhicule, Michel Dandurand, de Beauharnois. Qui se fera un plaisir de vous en raconter l’histoire!

En 1968, la Mustang était encore une des voitures les plus populaires aux Etats-Unis, aidée par des modèles spéciaux, comme les Shelby, et la California Special, qui aidaient à augmenter l’intérêt des acheteurs, pour les amener dans les salles de montre, d’ou ils ressortaient la plupart du temps avec un autre modèle de la même marque. Voyant celà, les membres de l’Association des Concessionnaires Plymouth de la région de Los Angeles, en Californie, désiraient eux aussi avoir ce modèle spécial qui attirerait les acheteurs potentiels dans leurs salles de montre. Malheureusement, il était difficile de faire faire un tel modèle par Chrysler, rapidement, et on chercha une autre solution…

Une des figures marquantes des voitures modifiées, des Kustom cars, des années soixante, était George Barris. La Batmobile originale, la Monkeemobile, et plusieurs des autos modifiées les plus célèbres sont sorties de son atelier, et encore aujourdhui, c’est à lui qu’on s’adresse lorsque les studios d’Hollywood ont besoin de véhicules spéciaux. Si vous avez fait des modèles réduits dans les années 60 ou 70, vous connaissez les A La Kart, Kopper Kart, Invader, et autres Kustoms plus fous les uns que les autres, et qui étaient les rois des salons de l’auto sport de ces temps-là… On lui a fait parvenir un Barracuda Formula S 340 automatique, rouge, afin qu’il le modifie et fasse sa proposition aux membres de l’association des concessionnaires.

Tout d’abord, il a ajouté au capot deux pièces, non-fonctionelles, avec des ouvertures pour simuler un système d’injection, des prises d’air, aussi non-fonctionelles, derrières les vitres de côté, et un ‘’spoiler’’ sur le coffre arrière, d’où le nom Spoiler. Il a aussi ajouté des lignes blanches et le nom Spoiler à la peinture originale, et des roues Rader, qui sont aujourdhui introuvables.


La voiture complétée, elle a fait le tour des concessionnaires, et des expositions, on raconte même que Barris, qui était maître dans l’art de se faire de la publicité, a même organisé des courses entre le Spoiler et la Batmobile! On ne sait pas pourquoi, mais le projet est tomé à l’eau, et il n’y a pas eu de production. Une rumeur voudrait qu’une autre Spoiler ait été construite, cette fois blanche avec des lignes rouges, pour un film, à cette époque, mais qu’elle aurait été détruite lors du tournage. George Barris a gardé le Barracuda pendant quelques années, avant de finalement le vendre à un homme de Sacramento, en Californie, ou on en a perdu la trace...

Mais comment cette voiture unique s’est-elle retrouvée entre les mains d’un simple passionné de MOPAR québécois? Laissons Michel nous le raconter:

‘’Après que le type qui l’avait acheté de Barris s’en soit servi quelques années, il l’a remisée dans sa cour, au soleil, jusqu’en 1986, alors qu’un autre jeune passionné de MOPAR californien ne l’aperçoive par hasard et offre de l’acheter, sans vraiment en connaître l’histoire, mais parce qu’il aimait les modifications. Heureusement, le beau temps de la Californie l’avait préservée de la rouille, et un bon nettoyage et polissage avait réussi à ramener une grande partie du lustre de la peinture qui restait. Des pneus neufs, et notre jeune avait une voiture cool pour cruiser les fins de semaine et même aller aux courses, ou il faisait des passes de 14 secondes. Avec le temps, il a réalisé que c’était une voiture de Barris, sans connaître toute son histoire, et accepta de la revendre à un autre amateur en 1991. La voiture fut rapidement revendue et se retrouva au Montana, ou elle resta entreposée pendant quatre ans. Le nouveau propriétaire, un collectionneur de Barracuda, y était intéressé, parce qu’il s’agissait d’une Formula S originale, et il avait l’intention de la remettre à l’état ‘’showroom’’ et enlever toutes les modifications!

Par hasard, le frère du jeune homme qui avait été le troisième propriétaire, et qui habitait le Montana, a revu la voiture et l’a reconnue, juste à temps, car elle s’en allait à la restauration dans les jours suivants! Un accord fut conclu, et la Spoiler retourna en Californie. Elle semblait bien destinée à y rester, mais pour une raison inconnue, elle apparut sur eBay en 2000. C’est à ce moment qu’un bon ami de Michel, le propriétaire actuel, qui habite à Calgary, faisait des recherches pour un spoiler pour une Lamborghini, et tombe par hasard sur cette Barracuda. Il collectionne les prototypes et voitures rares, et demande l’avis de Michel, qui s’y connaît bien en Mopar. Michel lui explique la signification de la voiture en lui disant déjà qu’il l’achètera si l’autre ne le fait pas! Mais il y a un problème: la propriétaire aimerait mieux que la voiture demeure aux Etats-Unis… Mais heureusement, l’encan se termine sans gagnant, la réserve n’étant pas atteinte, et on utilise le compte d’un autre ami, et collectionneur célèbre de Mopar du New Jersey, Steven Juliano, qui possède déjà la plupart des prototypes et showcars de Chrysler des années 60 et 70, pour négocier, et la voiture prend le chemin de Calgary. M. Juliano aurait bien aimé mettre la main sur la perle rare, mais respecte la priorité de son ami… mais Michel a aussi montré de l’intérêt et est le premier sur la liste si elle revient sur le marché! Ce jour arrive enfin le printemps dernier, et Michel s’envole vers l’Alberta pour conclure la transaction avec son ami de longue date, et cette fois, c’est nous qui avons le privilège de pouvoir admirer cette voiture unique, depuis le mois de mai! Après bien des réflexions, Michel a décidé, comme les propriétaires précédents, de la laisser exactement comme elle est, puisqu’elle ne peut être originale qu’une seule fois…
Merci, Michel, de nous donner la possibilité d’admirer cette pièce d’histoire Mopar!

Ben